Massif du Mt San Jacinto


Après le plateau de Warner Springs, je commence par franchir une petite chaîne montagneuse dans une étonnante forêt de blocs de granite pour rejoindre le plateau d'Anza et traverser ensuite le massif du Mt San Jacinto (3302 m), en passant par Thomas Mountain (ma rencontre avec le puma), le lac Hemet, la jolie petite ville en pleine forêt d'Idyllwild et la Black Mountain, bien connue des grimpeurs de L.A. et de San Diego pour ses spots de bloc. 

Dès les premiers coups de pédales dans ce massif, le vrai VTT a commencé! Les singletracks apparaissent et le bitume se fait plus rare, beau! En haut de la Black Mountain, dans un joli coin de camping sauvage officiel à 2300 m (t'as juste un foyer pour un feu de bois et une table de pique-nique), je passe un bout de soirée avec une chouette équipe de grimpeurs qui viennent faire du bloc pour le week-end. L'un d'eux est venu de San Diego dans la journée, en 2h30 de route...

Le lendemain, départ pour une descente magistrale : 20 km de single, env. 2000 m de dénivelés négatifs, j'étais même content d'arriver en bas...! Le décor change complètement, en partant des forêts de pins en altitude jusqu'à une végétation désertique, cactus et buissons, tout en slalomant sans cesse autour de gros blocs de granite. Cependant, il s'agissait d'un bout de la PCT (officiellement interdite aux VTT) et, bien que chaque rencontre avec les marcheurs fut cordiale et même chouette, on m'a tout de même rappelé que je n'étais pas censé être là et je n'aime pas trop ce sentiment de ne pas être le bienvenu... À voir pour la suite!


Vallée de Banning


Et là, finie la rigolade... bienvenue dans un véritable désert où la chaleur est accablante. Pour retrouver les prochaines montagnes, il m'a fallu longer cette longue vallée (pas vraiment plate en plus!) jusqu'à Yucaipa. Je retrouve highways, trains, villes et grosses bagnoles. Les 20 km jusqu'à Banning sur des pistes (bien trop) sablonneuses et avec (bien trop) peu d'eau furent particulièrement pénibles. Tout comme l'équipe Trans-US, je laisse passer les heures les plus chaudes dans un Starbucks et repars en début de soirée pour rejoindre le parc régional de Yucaipa où je trouve un petit coin tranquille pour poser ma tente, à la sauvage! Je m'endors au chant des grenouilles, satisfait d'être au pied des prochaines montagnes! 


San Bernardino Mountains


Réveil au petit matin avec la sympathique visite d'un coyote, étonné de voir quelqu'un camper sur son terrain de chasse...

C'est reparti pour une journée d'ascension, d'abord jusqu'à Angelus Oaks via une route abandonnée où la nature a repris ses droits. Ambiance post-apocalyptique durant cette grimpette à la pente assez agréable mais je ne compte plus les arrêts à l'ombre... Pause baignade, lavage et lessive en rivière, et arrivée à Angelus Oaks où je rencontre un couple de retraités locaux. Lui s'occupe de vérifier les feux de camp dans les campgrounds du coin, dans un but de prévention des incendies. 


Par rapport à ces derniers, j'apprends qu'ils ont toujours été fréquents dans cette région et que la forêt s'y était adaptée. Ils sont même nécessaires pour revitaliser l'écosystème, ce que les Amérindiens avaient déjà compris en provoquant volontairement des feux de forêts. En réalité, la lutte acharnée anti-incendie du siècle dernier a eu un impact plus négatif que positif. Les forêts s'en sont retrouvées moins adaptées pour y faire face, d'où les énormes incendies des dernières années. Aujourd'hui, les gardes forestiers l'ont compris et gèrent cela tout à fait différemment, par exemple en provoquant eux-mêmes des feux de forêt préventifs, un peu comme chez nous avec les avalanches.


Ils me rappellent également qu'à partir de maintenant, je suis entré dans le territoire de l'ours noir (qui ne l'est pas forcément d'ailleurs, sa teinte peut aller dans les bruns et même jusqu'au blanc pour certains spécimens en Colombie-Britannique). Quand je lui pose quelques questions par rapport à la sécurité, le gaillard est plutôt rassurant : il me répond que, vu ma taille, il se fait plus de soucis pour les ours que pour moi...! Plus sérieusement, l'essentiel est de tout faire pour éviter une rencontre : éloigner toute odeur attirante (nourriture, cosmétiques) du bivouac en les accrochant dans un arbre à au moins 50 m (sachant que l'ours noir est un excellent grimpeur, le mieux est de pendre son sac de nourriture à une cordelette tendue entre deux arbres) et faire du bruit pendant les déplacements dans des endroits sans vision dégagée. Faire du vélo en chantant et en sifflotant, sympa non?? 

Je passe donc ma première nuit en camping sauvage dans un coin à ours, après une ascension sur piste pour rejoindre les crêtes dominant Big Bear Lake, dans les belles couleurs du soir et la fraîcheur qui revient petit à petit. Joli coucher de soleil, coup d'œil sur l'immense vallée urbanisée de Los Angeles, bonne nuit!


Un dernier bout de grimpette et je m'engage sur le "Skyline Trail", sentier VTT longeant toute la crête. Grandiose! Mais épuisant. Bien que très ludique, le sentier, alternant montées et descentes, demande pas mal de pêche... Une pause s'impose... Assis sur un bloc, un "california mule deer" passe à deux mètres devant moi... What else?

S'en suit une descente parfaite, joueuse et bien tracée via la "Fall Line" qui m'emmène aux portes de Big Bear Lake.


Après ces neuf premiers jours, me voilà arrivé à la première étape que je m'étais fixée : Big Bear Lake. Pour vous décrire l'endroit, c'est un peu la Vallée de Joux avec plus de pins, plus d'altitude (crête à 2400 m), plus d'ours, plus de commerces, plus de pick-ups et... plus de charme? Non... ça ce n'est pas possible...! Bien que le lieu n'en manque pas, surtout pour les amateurs de VTT (un vrai petit paradis), de rando ou autres activités de montagne. 

Je m'offre une journée de repos ici, pour récupérer de ces neuf jours, ne pas me griller et repartir en pleine forme! 


Pour tirer un premier bilan de ce tout début de périple, je dirais que j'ai le sentiment d'avoir passé le "test"! 

Aucun problème mécanique, je suis très satisfait du système de sacoches qui ne gênent en rien l'équilibre du vélo et son comportement en descente. 

J'ai par contre assez vite réalisé le défi physique que représente ce parcours. Il m'a fallu m'habituer au chargement (surtout au sac à dos) et me "faire les jambes" car je ne partais pas très entrainé...

Un immense respect pour Pascal, Finn et Jon qui ont réalisé des étapes impressionnantes que j'ai dû plus ou moins écourter.

Il a aussi fallu faire face à certaines difficultés auxquelles j'aurai encore à faire par la suite, à savoir les innombrables barrières, barbelés et autres grillages décorés de jolis "No Trespassing", que je n'ai parfois pas le choix de "trespasser"... Mais pour l'instant, aucune fâcheuse rencontre, bien au contraire!

J'ai aussi été confronté aux pistes et sentiers ensablés qui t'empêchent de rouler ou qui ont littéralement disparus... 

Depuis Warner Springs, soleil et ciel bleu ne m'ont plus quitté! C'est très agréable si ce n'est que la chaleur est déjà très éprouvante (entre 35 et 40 degrés suivant où...).


J'en profite pour vous dire un grand merci pour vos messages et commentaires qui m'ont fait très plaisir! 

Je vous remercie aussi pour votre lecture et j'espère ne pas m'être trop étalé...! 

À la prochaine et allez jetez un œil aux photos! 

Maintenant, cap sur le désert du Mojave que je devrai traverser par son plus petit côté pour rejoindre la Sierra Nevada!